Matteo Ruzzon alias Madteo a toujours produit une musique particulière, à part, loin de tous clichés. Dans des styles très différents, on le retrouve chez les italiens de Morphine ou les belges de Meakusma. Sans s’adapter, Madteo ne demande aucun avis pour partager ses sentiments. Noi No, pris dans un intime entre techno, vocaux perturbants, expérimental et ambient, peut déranger.
Rut-a-round donne le ton d’une basse bourdonnante avant que Dead Drop (When I Saw You That Nite) s’installe déjà comme l’un des tracks les plus envoûtants de l’année. Rarement un album a été introduit avec autant de conviction et de chaleur. C’est percutant. Madteo crée un sphère sonore où les fields recordings ouvrent les portes d’images parfois sinistres voire apocalyptiques. Les notes interagissent, se répètent puis s’endorment créant cette atmosphère étrange. Il se passe quelque chose d’humain à l’écoute de Noi No qui ne se passe que très rarement. Comme si l’on ressentait les émotions de Madteo, ses doutes, ses envies et ses frustrations. Vitruvian Nightmare en est un exemple, démarrant puis s’arrêtant très souvent, ne trouvant pas forcément son propre rythme comme s’il changeait d’espace temps à volonté. Ces couches et ces textures ne sont en fait qu’un lit moelleux où s’allonge sa voix, la plus sincère qu’elle soit. Madteo pose des questions et s’exprime d’une manière très abstraite. Au track Vox Your New Year Resolution, la réponse, dans un bégaiement des plus perturbants, est : Stayin’ Outta Trouble.
Noi No est l’un des albums les plus complexes de l’année. Loin d’être de l’expérimental bas de gamme, il offre une atmosphère, une vision et des questionnements. Je ne pense pas avoir entendu un producteur placer sa voix d’une manière aussi pure. Celle-ci devient un instrument transmettant honnêteté et émotions. Il est tout de même assez difficile de rentrer intimement dans Noi No mais une fois la porte franchie et les conditions réunies, c’est un véritable recueil que nous conte Madteo.
FG.